vendredi 24 décembre 2021

Remb'Injogu dans les Terres du Sud / Remb'Injogu in the Southlands

(English translation is available below)


Un nouvel article pour présenter une vieillerie, un vieux scénario français pour Warhammer et qui nous emmène dans les Terres du Sud. Plus précisément, dans les Nouvelles Côtes, cette région rapidement mentionnée dans certaines sources et localisée sur la carte ci-contre.

Ce scénario en contient en fait deux : Remb'Injogu dans Casus Belli N°99, et La danse du rat dans Casus Belli N°100. Je n'allongerai pas plus cet article car je détaille plus la chose dans l'introduction. Je sais que pour un certain nombre de personnes, l’esclavagisme et la colonisation constituent des sujets sensibles, mais Warhammer est un pastiche de notre monde au XVI° siècle, il peut donc difficilement échapper à ces thèmes ! L'introduction est là pour évoquer le sujet. 

En outre, j'ai essayé de convertir les quelques profils présents dans le scénario pour WFRP4 également.

En espérant que des gens puissent trouver un intérêt à découvrir ces vieilles histoires, je vous souhaite de bonnes fêtes de fin d'année et un Joyeux Noël. 

Le fichier est disponible sur la page Ressources.

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lundi 6 décembre 2021

Belus Pül, gloire et avidité / Belus Pül, glory and greed

(English translation is available below)

Une autre Puissance mineure du Chaos, mais cette fois-ci un vassal de Slaanesh, issu du roman Sigvald de Darius Hinks, publié en 2013. Comme pour la précédente entité, il s'agit d'un puissant démon qui est lui-même le patron de nombreux individus et qui est vénéré tel un dieu, ou peut se faire passer comme tel. Comme Ch'Aralak'Tor'Oralan, donc, Belus Pül est un démon autonome et puissant qui ne correspond à aucune des grandes catégories de démons affiliées aux Quatre Puissances de la Ruine. Il dispose d'un serviteur bien à lui, accorde bénédiction, prophéties et conseils, et sa protection est activement recherchée. Bien qu'il soit un vassal de Slaanesh, il semble donc se situer dans cette zone assez floue entre les démons et les divinités mineures, dont The Lost and the Damned, rappelait qu'il peut être difficile de hiérarchiser ou de catégoriser de telles entités.

Belus Pül était une occasion de s'éloigner un peu de Khorne et de proposer une puissance secondaire mais tout de même affiliée à un des principaux Dieux du Chaos. Il est caractérisé de façon suffisamment détaillée pour le relier clairement à Slaanesh tout en décelant des trait spécifiques qui peuvent en faire une entité autonome intéressante.

Belus Pül

l’Apothéose des Consumés, le Tortueux Destin, la Promesse Inassouvie

Les serviteurs des Puissances de la Ruine sont nombreux et d’une incalculable diversité. Aux yeux des mortels, tous peuvent se ressembler au point d’être indéfinissables, mais certains se distinguent clairement des autres par leur importance, tant aux yeux des autres habitants des Royaumes du Chaos que de ceux des sociétés qui peuvent adorer ces êtres. Belus Pül est de ces entités qui, tout en étant au complet service d’un des Quatre, n’en possède pas moins une certaine autonomie et est à même d’influencer de larges groupes de personnes en son nom propre. Sans être un dieu à proprement parler, il est vénéré comme tel par les tribus auprès desquelles il aime à se manifester, et son influence dans les Royaumes du Chaos en est d'autant renforcée.

Belus apparaît comme un jeune homme androgyne et séduisant, à la peau pâle et auréolé de gloire. Il semble calme et amical, maniéré même, et les gestes effectués de ses membres anormalement longs invitent ceux qui le contemplent à partager un destin glorieux. Son apparence par ailleurs angélique, renforcée par ses robes d'un blanc immaculé, ne pourrait cependant pas le faire passer pour un humain : ses deux petites cornes noires dépassant de sa capuche et son sourire, charmeur mais bien trop large pour un individu normal, ne laisse que peu de doutes quant à sa nature démoniaque. Il peut cependant adopter n'importe quelle forme qui lui siérait pour tromper autrui, comme par exemple celle d'un loup, lui permettant de passer aux yeux des Norses pour un esprit de la nature ou l'envoyé d'une autre divinité.

Zones d'influence

Belus est un puissant démon, très actif aussi bien dans le Vieux Monde qu'en Norsca, dans les Désolations du Chaos ou même en Arabie. Il cherche à influencer les orgueilleux, avide de gloire et de reconnaissance, mais aussi ceux qui aspirent à la survie et à la préservation du groupe. C'est notamment le cas parmi certaines tribus norses où il se fait parfois passer pour le dieu loup Völtar et auprès desquelles il prétend à la fois assurer protection et pérennité. 

Symboles

Belus est symbolisé de façon fort différente dans les diverses cultures qui le connaissent. Son importance dans le Grand jeu, toute relative mais néanmoins active, empêche que se cristallise autour celui une culture commune qui l’identifierait clairement aux yeux de toutes les personnes versées dans les arcanes des Puissances de la Ruine. Cependant, Belus est un manipulateur né et profite largement de cette situation pour se présenter sous des formes diverses auprès de ceux aspirant à une forme d’éternité ou une autre. On le connaît, en Norsca, sous la forme d’un loup qui guide les hommes et femmes vers un destin exceptionnel. Dans l’Empire ou en Bretonnie, il aura tendance à être représenté par un parchemin et une plume de scribe, car c’est ainsi que dans ces cultures naissent les légendes, en étant couchées par écrit.

Les fidèles de Belus portent également la plupart du temps des bijoux, tels des pendentifs ou des anneaux. Le vassal de Slaanesh s'entiche lui-même beaucoup de colifichets et il en arbore toujours de nombreux, tous sans exception obtenus de la main même de ses fidèles les plus prometteurs et de qui il exige le don de l'objet le plus précieux à leurs yeux.

Tempérament

Manipulateur et narcissique, Belus joue la plupart du temps avec ses fidèles, les poussant à le haïr autant qu'à rechercher ses faveurs, en les humiliant constamment. Alternant des attentions particulières avec un dédain marqué, il accapare leurs attentes, se délectant de l'angoisse qu'ils éprouvent en se sentant abandonnés autant que de la joie qu'ils éprouvent en le voyant revenir vers eux. Il peut autant les flatter qu'insinuer qu'ils sont trop vulgaires ou trop rustiques pour lui, et les pousse ainsi à modifier leur comportement, leurs manières, leur apparence pour mieux satisfaire ses caprices et ses envies, jusqu'à ce qu'ils n'existent plus que pour paraître acceptables à ses yeux. De fait, il n'y a rien de plus pitoyable pour Belus qu'un serviteur devenu ennuyeux, et il pousse systématiquement ses fidèles à améliorer leur réputation, accumuler les hauts faits et les aventures rocambolesques. La stagnation est le pire ennemi de Belus Pül, et il est capable de volontairement pousser ceux qui le vénèrent vers les pires dangers dans le seul but de se divertir, sans qu'aucune récompense ne viennent couronner ces succès impossibles. 

Belus s'exprime toujours à la troisième personne et voit chacune de ses propre actions comme autant de fragments d'une vaste et éternelle épopée dont il est le centre et le seul point d'intérêt, ses fidèles mortels comme immortels n'en étant que des personnages secondaires. Il adopte presque systématiquement un ton grandiloquent mais formel, déclamant inlassablement à ses démons scribes et à grand renfort de superlatifs le moindre de ses faits et gestes ainsi que ceux des êtres ayant l'honneur de le contempler ou de s'adresser à lui. Narcissique au dernier degré, il aime s'entourer de choses qu'il juge belles et son propre espace dans les Royaumes du Chaos ressemble à un jardin d'agrément entretenu avec soin. Sous le vernis de respectabilité et de dignité qu'il arbore, Belus Pül est un égocentrique avide qui pousse ses fidèles à attaquer ses rivaux, et n'hésite pas à les mettre dans des situations abominables pour accaparer le pouvoir d'autres démons, voire de dieux du Chaos. Sa tendance à soustraire aux autres Puissances des fragments de leurs pouvoirs en fait un gêneur dans le Grand Jeu, et il compense son manque d'influence dans les Royaumes par une activité acharnée envers les mortels, dans le but de pousser ces derniers à faire pencher la balance. Tzeentch, en particulier, le méprise pour sa volonté d'empiéter sur son propre domaine, à savoir la manipulation des fils du destin. Il n'a de cesse de faire dérailler les plans du Grand Manipulateur en poussant des individus à s'opposer à leur destin misérable et réclamer une gloire qui n'a d'autre but qu'elle-même, inutile et dangereuse.

Le culte de Belus Pül

Ceux qui servent Belus, volontairement ou non, sont bien souvent les laissés pour compte du destin, ceux dont personne ne se souvient mais aspirent à la grandeur et à une reconnaissance immortelle qui traversera les âges. Contrairement aux fidèles de Tzeentch, l’Architecte des Destinées, Belus ne leur promet pas le pouvoir ou des connaissances infinies : il les appâte avec la perspective d’une gloire éternelle, pour elle-même, en elle-même. Les fidèles de Belus sont donc essentiellement des égocentriques dont le seul objectif est de voir rayonner leur nom pour les éons à venir. Et même si certains de ses fidèles sont d'abord mus par d'autres objectifs plus nobles, comme la survie de leur peuple et la persistance de leurs coutumes, tous finissent par sombrer dans une soif de reconnaissance qui finit par étouffer totalement la plus charitable des causes. Obnubilés par leur propre désir, qui finit toujours pas n'être plus corrélé qu'aux regards envieux et émerveillés d'autrui, ils sont poussés encore et toujours plus loin à se dépasser pour gagner en notoriété. Ils deviennent narcissiques et froids, incapables d'éprouver du plaisir autrement qu'en étalant leur supériorité, leur héroïsme et leur perfection physique ou mentale, et se complaisent dans la subjugation provoquée chez autrui.

Le démon se plaît à manipuler ses sujets, les pousser à l'adorer et le vénérer, quitte à effectivement leur apporter bienfaits et protection le temps que leur vénération soit suffisamment forte pour lui être bénéfique. Petit à petit, il exigera cependant toujours plus d'actes de foi, et finira par ne plus se contenter de sacrifices d'animaux, ni même d'humains, mais n'acceptera plus que le sang de héros. Il n'est pas inhabituel que de petites tribus kurganes ou norses, jusque là  peu connues et relativement faibles, acquièrent en quelques années une réputation certaine, pour finir un siècle après détruites et oubliées de tous : lassé, Belus se sera contenté d'en tirer le maximum avant de les abandonner, ou de s'en servir pour mettre en exergue les ambitions d'un autre groupe de ses fidèles, dans le seul et unique but d'engendrer des âmes plus fortes et méritantes qu'il pourra réclamer pour lui-même le moment venu.

Comment utiliser le culte

Un groupe de fidèles de Belus Pül peut être utilisé dans de nombreuses situations. Dans la mesure où ils naissent la plupart du temps d'un besoin impérieux de survivre, soit littéralement soit dans un sens métaphorique, des sectes de ce type peuvent survenir n'importe où, selon le bon vouloir de l'entité et ce qu'il décèle dans l'un ou l'autre des individus qui pourraient faire appel à lui, par mégarde ou non. Belus peut servir de patron à n'importe quel individu ambitieux et obnubilé par sa propre image et par la perspective de laisser sa trace dans l'histoire. Le meilleur exemple reste celui de Sigvald, champion de Slaanesh et dont la corruption est due aux agissements de Belus. Ce dernier l'a poussé pendant des décennies à toujours plus de folie, aux expéditions les plus périlleuses et aux actes les plus insensés pour engranger toujours plus d'influence et réduire celle de ses rivaux, allant jusqu'à envoyer son protégé s'emparer d'un fragment du pouvoir de Galrauch, le premier des dragons du Chaos, et ainsi le subtiliser à Tzeentch.

Ainsi, un ou plusieurs personnages joueurs pourraient être contraints de démêler une affaire ayant trait à un valeureux héros qui n'est pas ce qu'il semble être (volontairement ou non), et ainsi risquer de se mettre à dos une population toute acquise à son idole. Les personnages pourraient ainsi se retrouver bon gré mal gré dans la position de l'agresseur ou tout simplement celui des méchants, en s'opposant à l'individu le plus vertueux que la population connaissent. Peut-être pourraient-ils se retrouver embarqué dans une quête pour libérer un village ou abattre une bête terrorisant une région et ainsi accompagner un jeune prodige sans se rendre compte dans quoi ils mettent les pieds. Ils pourraient également être eux-mêmes manipulés par Belus, sous l'identité d'une autre divinité, et poussés à se lancer dans des aventures insensées pour finalement se rendre compte de la supercherie et devoir en définitive lutter pour retrouver leur liberté. Ou, peut-être, embrasser le Chaos, et se donner à corps perdu dans le Grand Jeu qui oppose les Puissances de la Ruine.