lundi 30 août 2021

Dim Ponn, protecteur de Khorne / Dim Ponn, Khorne's protector

 

Rechgrundle -
Guerrière de Dim Ponn
(English translation is available below)

Après Alaman et Gorth j'en viens à parler d'un troisième membre de la cohorte divine de Khorne (voire un quatrième, puisque Gotd est déjà présent dans les Sables Périlleux, disponible sur la page Ressources), et peut-être un des plus étranges. Du moins, c'est le pamphlet qui l'indique. Pour plus d'informations sur ledit pamphlet, vous pouvez consulter les deux articles précédents. La miniature ci-contre, qui est celle du champion de Dim Ponn, en l'occurrence une championne, est issue du site solegends.com, que je vous recommande encore une fois si vous aimez les figurines. 

Je me rends compte qu'en cherchant à bien distinguer chaque vassal de Khorne, en le ramenant à un type de violence spécifique, j'en viens à leur donner des fidèles présentant certains types de comportements ou de pathologies bien réels. Bien entendu, l'idée n'est absolument pas de dire qu'un comportement est excusable car il viendrait d'une entité cosmique, ou qu'un désordre psychologique serait maléfique. Nous parlons là d'un univers de fiction qui a la particularité d'être aussi bien héroïque que terre-à-terre, et les problèmes psychologiques, la violence et la fantasy s'y mêlent depuis ses origines. Le fait est que les dieux du Chaos, dans Warhammer, sont (en partie) les reflets des pensées et émotions des habitants du monde réel et que ces divinités seront probablement plus attirées par des individus dont les aspirations ou les émotions, à un moment donné, correspondent à leur propre identité. Tout comme leurs fidèles peuvent être attirés par un élément précis neutre ou positif (par exemple, la recherche du plaisir pour Slaanesh, celle du savoir pour Tzeentch), pour être ensuite happés dans une spirale de corruption et de déchéance les entraînant vers leur ruine. La plupart des fidèles des Puissances du Chaos sont donc elle-même des victimes, condamnées à servir ces entités qui les ont bernées.

Les règles proposées sont des tests et, n'en étant pas un spécialiste, je ne sais pas si elles sont viables. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires si ceci vous semble trop faible ou trop puissant.

Dim Ponn

le Faciès Grimaçant, le Grime Éternel, l’Obédience Sincère 

A la plus grande surprise de ceux qui pourraient consulter les plus obscurs des ouvrages traitant de démonologie et découvrir son existence et son nom, Dim Ponn est l'incarnation même de la loyauté. Et pourtant, ce dieu du Chaos est bel et bien inféodé à Khorne, la Puissance de la Ruine régnant sur la guerre et le sang. Certains le confondent avec un dieu de l'Ordre car il impose l'obéissance, le respect et la stabilité, mais ceux-ci ne pourraient se tromper d'avantage.

Dim Ponn représente le côté loyal de Khorne. Il en est principalement l’aspect capable d’organiser et de rationaliser les faits et les événements au lieu de détruire aveuglément. Le fait qu’un membre de la cohorte de Khorne puisse représenter d’une certaine manière l’ordre peut sembler absurde et irrationnel, mais les Puissances de la Ruine sont des entités dont les pensées et les actes sont bien au-delà de l’entendement humain et dont la nature recouvre une infinité de possibilités. Le Grime incarne également une partie de l’honneur martial de Khorne, qu’il partage avec Suth et Tuluk, en cela qu’un combat honorable se doit d’être conduit loyalement, sans artifice. Ainsi, Dim Ponn est celui qui punit les tricheurs et les sorciers, ceux qui ne font pas appel à leurs propres talents mais usent de moyens détournés pour vaincre. 

Dim Ponn apparaît comme un vieil homme fatigué, ridé et doté d’un visage d’une laideur repoussante dont les yeux témoignent d’une personnalité calculatrice. Il se pare des habits de la fragilité et se présente comme un être affable, un ancien qu'il serait nécessaire d'accompagner, d'entourer et de soutenir dans les moments les plus difficiles. Se départir de sa méfiance envers lui revient à se laisser piéger et ne plus pouvoir rien faire que le protéger. Ses gestes lents et méticuleux dénotent parmi les fidèles du Chaos, mais ces manières qu’il arbore représentent la capacité de Khorne à se projeter sur le long terme au lieu de se laisser aller à l'auto-destruction. Et pour cela, il a besoin de rassurer et de prouver que ceux qui le servent seront, d'une façon ou d'une autre, sauvés. Le Grime est donc le mensonge caché, celui qui assure le peu de cohésion dont peut disposer une culte dédié à Khorne en leur offrant l'illusion de la sécurité et d'un semblant d'esprit de groupe.

Zones d'influence

Dim Ponn est une divinité très présente dans les communautés sédentaires de Norsca, où les hommes partent régulièrement en expédition pour piller ou commercer. Ces périodes sont malheureusement propices aux attaques et aux conflits, car des tribus adverses ou des monstres peuvent en profiter pour s'en prendre aux habitants restés sur place. Dans ce contexte, les femmes norses peuvent se voir contraintes de prendre les armes pour protéger leurs familles et leurs biens. Cette nécessité a donné naissance à l'image de la jeune guerrière au bouclier qui, si elle est moins présente que ne le laisse penser les ballades exotiques chantées dans certaines partie de l'Empire, n'en découle pas moins d'une nécessité bien réelle. Cependant, cette même nécessité peut également pousser certaines de ces femmes à faire preuve d'une agressivité et d'une sauvagerie remarquable pour défendre les leurs. C'est précisément là que Dim Ponn se manifeste, lorsque le besoin de protéger et la loyauté envers autrui devient inextricablement lié à la violence.

En dehors des Désolations et de la Norsca, Dim Ponn se fait plus discret, mais peut répondre aux appels d'une épouse désespérée, d'une sœur aînée vouant à sa vie à protéger sa fratrie d'un père ou d'un mari tyrannique, ou tout simplement en réaction à des violences ou des humiliations régulières. Une femme dont les proches serait régulièrement victimes de la pègre et contraints de leur fournir des vivres ou de l'argent sous la menace de représailles et qui prierait ardemment pour que leurs oppresseurs meurent pourrait attirer l'attention de Dim Ponn et se voir ainsi donner la force de lutter contre l'adversité, quitte à ne plus jamais sortir de cette spirale de violence.

Symboles

Le symbole de Dim Ponn est un masque grimaçant représentant son visage, une duperie et une moquerie destinée à ceux qui sont incapables de croire que le Dieu des Crânes est bien plus qu’un simple tueur. Il représente également la confusion autour de sa nature de divinité du Chaos, et le plaisir que Dim Ponn tire de la croyances de certains qu'il serait en réalité un dieu de l'Ordre.  

Ceux qui suivent Dim Ponn en toute connaissance de cause possèdent la plupart du temps un masque eux-mêmes, mais il s'agit plus d'une décoration que d'un véritable accessoire personnel. Les rares adorateurs de Dim Ponn dans les cours et les milieux bourgeois du Vieux Monde peuvent cependant être tentés de l'utiliser lors de bals et de réceptions costumés, dans une démonstration de cynisme et d'arrogance qu'eux seuls comprendront. Dans les milieux moins favorisés ou les pays moins prompts aux mondanités, ce type de masque ne pourrait servir que dans des cérémonies rituelles ou, dans des sociétés très marquées par la guerre, comme un signe de courage et de détermination autant qu'un moyen d'intimider son adversaire.

Tempérament

Dim Ponn est un vieillard paisible et effacé qui n'aspire qu'à sa propre tranquillité ainsi que sa sécurité. Il compense sa laideur par une fausse bonhomie qui endort la méfiance et provoque invariablement un attachement étrange qui lui sert à s'assurer les bonnes grâces de ses interlocuteurs, et surtout un fort instinct familial. Il étend sa préoccupation de sécurité à ses frères divins et à leur maître Khorne, même s'il ne les apprécie pas réellement. Cependant, Tuluk, Suth et Alaman trouvent grâce à ses yeux pour leur loyauté et leur engagement envers leur maître. Dim Ponn est un allié indéfectible de Khorne et, de toute la cohorte de Khorne, il est celui qui en aucune circonstance ne trahira son maître. Seule la disparition de ce dernier pourrait le pousser à prendre une autre voie, et plus probablement trouver un autre maître car, contrairement aux ambitieux, Dim Ponn cherche avant tout à s'abriter dans l'ombre de plus puissant que lui et se rendre indispensable pour éviter le courroux de son protecteur. 

Pour autant, Dim Ponn ne peut être considéré comme un entité bienveillante. Sa rationalité et sa capacité d'organisation n'ont pour seul objectif que d'assurer sa propre sécurité, et ce à un niveau maladif. Toutes ses pensées sont tournées vers sa sauvegarde, et par extension vers la sauvegarde de ceux qui le protègent des agressions extérieures. Ce besoin obsessionnel régit son existence, et le moindre de ses gestes est calculé et motivé par le besoin impérieux de survivre. Sa loyauté, bien réelle, n'a d'autre objet que de s'assurer qu'il restera capable de s'abriter sous la tutelle de son maître et reste donc parfaitement intéressée.


Le culte de Dim Ponn

Les fidèles de Dim Ponn sont avant tout des personnes désespérées, lançant des appels à l'aide silencieux ou non et cherchant une protection pour eux et leurs proches. Il s'agit essentiellement de femmes, car Dim Ponn répond en premier lieu à ceux qui cherchent ardemment à défendre d'autres personnes et l'instinct maternel exerce une puissante attirance chez lui, tout comme le rejet amoureux ou la peur de l'abandon. Il offrira par exemple la première étincelle de violence qui poussera une mère à assassiner son mari pour protéger ses enfants de sévices réels ou supposés, paraîtra comme le vieillard affable et protecteur à l'orpheline en mal de repères familiaux, ou suscitera une jalousie destructrice chez l'amante esseulée. En résumé, Dim Ponn se nourrit du besoin viscéral de former une famille, de conserver ses proches, et de fuir la solitude. Et à tort ou à raison, L'Obédience estime que les femmes sont plus susceptibles de rester auprès de lui et d'éprouver un sentiment d'attachement fort envers leur "famille".

Celles qui obtiennent le soutien du Grime finissent généralement par passer à l'acte, en tuant ou mutilant ceux qu'ils estiment à tort ou à raison comme étant à l'origine de la menace qui plane sur leur cercle familial ou personnel. Ce déchaînement de violence est perçu par celles qui le perpètrent comme un acte de légitime défense, et c'est cette conviction "d'avoir fait ce qu'il fallait", pour protéger les siens et parfois sa propre personne, qui les entraîne à leur perte. Celles qui finissent par se complaire dans cette violence et la découvre comme la solution à tout leurs problèmes, deviennent progressivement paranoïaques et se mettent à voir des menaces de plus en plus régulièrement, et dans le même temps acquièrent la certitude qu'une violence exercée contre un danger perçu sera une violence juste et honorable. Cette tendance renforce peu à peu leur conviction qu'elles sont dans leur bon droit et elles perdent de façon indicible mais réelle leur capacité à distinguer les menaces réelles des choses anodines. A terme, la protection absolue de ce qui est considéré comme essentiel au cercle relationnel, la plupart du temps des personnes mais parfois des objets, devient une obsession et un besoin vital pour l'initiée, qui recentre presque intégralement son attachement maladif sur elle-même. Au plus fort de leur désespoir et de leur peur de perdre ce qui leur est cher, à savoir leurs liens relationnelles, ces femmes sont capables de s'en prendre à l'objet même de leur attention si elles estiment que ceci leur permettra de se prémunir du malheur. Ainsi, Dim Ponn, après leur avoir donné la force et le courage de se rebeller contre l'adversité pour préserver les leurs, devient leur seul et unique raison d'être, leur seul lien réel avec autrui, une relation égoïste et auto-centrée qui ne sert que la divinité elle-même.

Les fidèles de Dim Ponn sont rarement nombreux dans le Vieux Monde et tendent à ne pas s'organiser en groupes structurés, car leur corruption résulte plus d'initiatives individuelles qu'autre chose. Cependant, une femme battue qui se sera débarrassée de son mari pourra s'attirer de la sympathie de la part de son entourage ou de son voisinage, et peut finir par éveiller la suspicion d'autres femmes vis-à-vis de leurs compagnon ou de leur entourage, encourageant potentiellement d'autres violences en suscitant doutes et inquiétudes. Une simple rumeur sur un citoyen pourrait pousser une foule à s'en prendre à lui et, alors que cette dernière n'aura pu vouloir que se protéger ou protéger quelqu'un ou quelque chose, Dim Ponn sortira renforcé de cette violence "juste". Parfois, de petits groupes d'individus esseulés finissent par se rassembler dans leur vénération du Grime et fondent un ersatz de famille dont le seul objectif et de s'assurer une protection mutuelle, sous l’œil bienveillant de leur divinité et de leur maître à penser qui souvent est l'une de ces figures de femme forte qui a eu, un jour, le courage de protéger les siens et s'est ainsi taillée une réputation. 

En Norsca ou dans les communautés des Désolations, il est bien plus probable de voir des femmes se réunir et prier Dim Ponn pour la sauvegarde de leur communauté, prenant les armes contre les ennemis de la tribu et se défendant sauvagement contre tout agresseur. Paradoxalement, ce seront aussi ces fidèles qui auront le moins de chance de développer paranoïa et violences exacerbées car leur environnement leur offre déjà suffisamment d'adversités pour qu'elles aient besoin de craindre des menaces inexistantes. En revanche, face à quelqu'un mettant ouvertement en danger ou faisant mine d'essayer d'exercer des violence sur leur communauté, elles n'hésiteront pas une seule seconde à le réduire en charpie, quelle que soit son influence, son importance ou l’ampleur de son pouvoir.

Comment utiliser le culte

Il y a peu de chances d'utiliser des fidèles de Dim Ponn pour de grandes batailles, ni même comme un groupe d'agresseurs. En Norsca, dans le Pays des Trolls ou d'autres régions sauvages, il serait possible de rencontrer un culte de Dim Ponn en la personne des femmes d'une communauté prêtes à tout pour défendre les leurs, mais c'est est peu probable, bien qu'il puisse y avoir des exception. Après la Tempête du Chaos, il n'est pas impossible que des communautés entières se soient vu privées des hommes, partis à la guerre et tombés au combat, laissant les seules femmes pour défendre ce qui reste. Ce type de situation peut être propice au développement d'une secte dédiée au Grime, pour peu qu'un individu charismatique les dirige. Par exemple, un petit village isolé du Middenland dont tous les hommes en âge de se battre ou presque seraient morts lors des innombrables batailles contre les troupes d'Archaon, laissant une femme charismatique diriger la communauté et la convaincre de se livrer à des rapines dans les environs et à s'en prendre à tous les étrangers dans le but de permettre aux femmes, vieillards et enfants de survivre en ces temps difficiles.

Il serait également possible de rencontrer des fidèles de Dim Ponn alliés à un autre culte de Khorne, servant alors de sentinelles et de garde du corps à leur chef. Après tout, quelques frêles jeunes femmes auront plus de chances de passer inaperçues et de ne pas éveiller les soupçons.

Par ailleurs, un individu ou une petite cellule de cultistes pourrait servir d'antagoniste dans une aventure dédiée à une série de violences brusques, d'accusations de sévices ou de maltraitances, où les victimes ne seront pas nécessairement celles que l'on croit.


samedi 21 août 2021

Kalevala Hammer, un modèle pour les Sables Périlleux / a model for Perilous Sands

(English translation is available below)

Outre quelques articles sur l'univers lui-même, avec quelques essais de règles, et un peu de making off, je vais de temps en temps essayer de parler d'autre chose. Je l'ai déjà fait avec ce petit article sur une manifestation de reconstitution historique, je voudrais également le faire en évoquant rapidement des lectures ou d'autres sites. En l'occurrence, l'un des sites, sinon le site, qui m'a le plus influencé pour les Sables Périlleux.

Après l'arrêt de WFRP2 et une fois la frustration engendrée apaisée (ou non), j'ai longtemps caressé l'idée de prolonger ce petit bout d'univers en essayant de produire quelque chose moi-même. Les suppléments régionaux comme la Reine des Glaces et les Chevaliers du Graal étaient ce que préférais, car ils exploraient des contrées différentes. L'Arabie est une région du monde fréquemment citée mais jamais développée, malgré une présence indéniable sur les cartes, et l'idée de développer cette région m'intéressait énormément. Mais je ne m'étais pas franchement lancé avant de découvrir le site Kalevala Hammer qui représentait exactement ce que j'aurais voulu faire de mon côté. Des règles, du fluff, des histoires, une énorme quantité d'informations qui me rappelait tout ce que j'aurais voulu voir dans un livre officiel, cette fois-ci sur la Norsca.

C'est ce site internet qui m'a poussé à concrétiser mon projet, même si ce dernier a pris des années. J'y avais retrouvé des éléments que je recherchais moi-même : un savant mélange de fluff et de règles, une description large, aussi bien géographique que culturelle et religieuse, des carrières, un bestiaire...bref, un un vrai supplément, complet et bien rédigé. J'avais également noté un attachement aux sources, un point qui me tient très à cœur. En effet, j'estime que prendre en compte, dans la mesure du possible, les sources existantes (et ce même si elles sont très anciennes) est une façon de respecter ceux qui ont travailler durant ces nombreuses années sur un univers qui me plaît, et plaît à ceux qui peuvent consulter et écrire tous compléments non officiels. Y compris des cartes bien plus complètes que ce que je peux produire ! C'est d'ailleurs cette carte de la Norsca, qui a évolué et qui cherche à combiner bien des sources, qui a influencé la mienne.

Kalevala Hammer est aussi le site qui m'a fait découvrir certaines sources, au delà des seuls livres d'armée pour Warhammer Fantasy Battle, et à force de chercher j'ai pu trouver bien, bien plus de références que ce à quoi je m'attendais. D'autres sites m'ont compliqué la tâche en m'en faisant découvrir encore d'autres, mais Kalevala Hammer était le premier.

Outre une très volumineuse documentation pour la Norsca, le site propose également d'autres choses comme des règles pour un Bestiaire élargie, la consommation d'alcool et de stupéfiants, les déplacements sur de longues distances, les peaux-vertes...pour WFRP1, 2 et 3 !

Vraiment des lectures que je conseille pour ceux qui apprécient Warhammer et son univers :

www.kalevalahammer.com


samedi 14 août 2021

Gorth, vassal de Khorne / Gorth, vassal to Khorne

Thel, Chevalier de Gorth
la Grande Obésité

(English translation is available below)

Faisant suite à l'article sur Alaman, un dieu du Chaos oublié, j'en viens à parler d'un autre membre de la cohorte divine de Khorne. Ce pamphlet, écrit par Rick Priestley pour proposer les règles permettant de jouer les champions de neuf divinités chaotiques, mais aussi de les jouer en tant que régiments, décrit la façon dont les différents cultes dédiés à Khorne s'affrontent pour mettre en avant leur propre divinité et satisfaire la soif de sang et de violence de ces derniers. On pourrait croire, vu ses caractéristiques, que Gorth empiète à la fois sur le territoire de Nurgle et celui de Slaanesh, pour son aspect à la fois peu ragoûtant mais aussi hédoniste. Dans les faits, la publication de ce pamphlet est antérieur à l'apparition de Nurgle, c'est donc ce dernier qui en reprend certains éléments ! Slaanesh, lui, était déjà mentionné dans ce pamphlet. La miniature ci-contre, qui est celle du champion de Gorth dont le profil est fourni dans le pamphlet, est issue du site solegends.com, que je vous recommande si vous aimez les figurines. 

Les règles proposées sont des tests et, n'en étant pas un spécialiste, je ne sais pas si elles sont viables. N'hésitez pas à me faire part de vos commentaires si ceci vous semble trop faible ou trop puissant.

Gorth

La Grande Obésité, l’Obscène Décadence, l'Odieuse Suffisance

Gorth n'est pas le plus guerrier des vassaux divins de Khorne, mais probablement le plus ambitieux. Il incarne la décadence, la suffisance et la complaisance de son maître, et n'a d'autre objectif qu'accaparer tout ce qu'il ne possède pas, le plus souvent par la violence. L'Obscène ne recherche ni la gloire, ni l'honneur et encore moins le mérite, mais uniquement son profit personnel et ne porte donc que peu d'intérêt aux questions hiérarchiques, sauf si ces dernières lui sont favorables, et encore moins aux notions de loyauté ou d'équité. Gorth n'est donc pas un dieu des batailles, mais plutôt de la violence comme un moyen de parvenir à ses fins, quoi qu'il en coûte.

Gorth n'est pas une divinité subtile, elle ne ressent pas le besoin d’échafauder des plans ou de mentir pour manipuler autrui. Il se contente d'être honnête envers les divinités comme les mortels, et n'envisage que la méthode la plus rapide et la plus directe : la manière forte. Le recours à la violence n'est pas en soi l'objectif de Gorth et de ses adeptes, il est simplement une solution immédiate à la frustration et à l'envie. 

Rendu bouffi par son propre orgueil et par son besoin systématique de spolier ceux qui l'entourent, Gorth est énorme et gras, son corps flasque se balançant au gré de son rire obscène et méprisant. Le respect et la bienséance s'effacent devant le plaisir qu'il éprouve à broyer les autres et à exposer aux yeux de tous les signes matériels de son exubérance. C'est ainsi qu'il apparaît à ces fidèles, comme une montagne de chairs gigotantes, prête à écraser d'un revers d'une ses énormes mains ceux qui lui manquent de respect, tandis qu'il se saisit de son dû de l'autre.

Zones d'influence

Gorth peut trouver des fidèles partout où le poids de la société, de la religion, de la communauté étouffe les ambitions, là où les timides et les discrets peuvent ressentir haine et jalousie envers ceux qui connaissent le succès et l'exhibent fièrement. Le désir de richesse, l'envie de posséder pour soi ce qui appartient à autrui, quitte à l'obtenir de manière brutale et violente, peut guider n'importe qui vers Gorth. Cependant, il n'aura tendance à s'occuper que des faibles, ceux qui doutent profondément de leurs capacités, en souffrent et qui sont en conséquence plus faciles à manipuler que des princes ou de riches bourgeois qui se tourneront plutôt vers d'autres puissances, en fonction de leurs aspirations. 

Symboles

Le principal symbole de Gorth est une corne d'abondance se remplissant continuellement de sang. Gorth aspire à l'abondance, mais uniquement pour lui-même, et il n'est jamais rassasié. La corne d'abondance est, symboliquement, son propre pouvoir que ses fidèles doivent alimenter afin de bénéficier d'une petite fraction de celui-ci.

Les adeptes de Gorth aiment par ailleurs exposer leur supériorité, leurs ambitions et leur richesse, quand ils en ont les moyens. Ils aiment à se pavaner dans de luxueux atours et arborer bijoux et marques d'opulence. Écraser autrui par sa présence, physique aussi bien que morale, est le principal objectif de ces individus et rien ne peut leur apporter plus de bonheur.  

Tempérament

Gorth est une divinité hautaine et méprisante, qui n'imagine pas qu'on puisse lui refuser quoi que ce soit. De son point de vue, toute création lui appartient comme elle appartient à Khorne lui-même, et nul ne devrait oser lui barrer la route s'il cherche à s'en emparer. Avide et bouffi, il ne cesse de toiser autrui et se complaît dans un sentiment de supériorité aussi effrayant qu'irritant. 

Alors que certains de ses frères divins restent volontiers en retrait du Grand Jeu, Gorth s'y jette à cœur joie et le mépris qu'il éprouve pour toutes les autres entités du Chaos ne peut être ignoré. Seuls les membres de la cohorte de Khorne échappent la plupart du temps à sa morgue, et bien sûr son seigneur lui-même. Pourtant, même ce dernier n'est pas toujours à l'abri des ambitions de son vassal, et Gorth serait tout à fait capable de s'allier à d'autres si la possibilité de renverser Khorne s'avérait réelle. Sa recherche constante de plaisirs pourrait le rapprocher de Slaanesh, cependant ce dernier l'abhorre pour sa grossièreté et son égoïsme. Sa gloutonnerie et son appétit pourrait en faire un allié de Nurgle, mais son mépris pour autrui et notamment pour ses fidèles le discrédite aux yeux de ce dernier. Quant à Tzeentch, les ambitions démesurées de Gorth l'amusent plus qu'autre chose, mais la possibilité de se servir d'un laquais de Khorne contre son maître l'enchanterait au plus haut point. Quant aux Puissances mineures, Gorth ne les considère qu'avec un dédain réciproque. Parmi ses frères, peu l'apprécient à part Wenwoch, mais Tuluk et Suth le haïssent plus que tout, eu égard à son laisser-aller, son manque de discipline et son irrespect. Gorth n'est pas un guerrier mais un tueur, et un véritable soldat ne peut tolérer son comportement.

Le culte de Gorth

Les fidèles de Gorth n'appartiennent à aucune profession, aucune couche sociale. Ils se caractérisent en premier lieu par une lâcheté réelle ou supposée, une faiblesse ressentie vis-à-vis de leur entourage, de leurs collègues ou de la société qui les oppressent, les méprisent et les rabaissent. Ceux qui jalousent leurs voisins et envient leurs réussite mais se sentent incapables d'arriver à leur niveau, tout en rejetant la faute sur le destin ou autrui, ceux qui se brident de peur de se faire remarquer ou de peur de se faire remettre à leur place se tournent vers Gorth pour conquérir cette confiance qui leur fait tant défaut. Un soldat estimant être plus capable, plus charismatique que son supérieur mais se sentant systématiquement mis à l'écart et aspirant à plus de reconnaissance a autant de chance que ses prières soient entendues par Gorth que l'amoureux transi qui voit chaque jour l'être aimé se laisser séduire par plus riche, plus beau ou mieux né. L'Odieuse Suffisance est celui qui leur apporte le courage d'agir et de prendre ce qui leur revient de droit, de s'imposer contre ceux qu'ils estiment moins dignes qu'eux-mêmes. Cependant, les soldats sont rares parmi les fidèles de Gorth, car la plupart d'entre eux, au moins à l'origine, aspirent à une discipline et à un comportement respectueux au sein d'une institution honorable. Peu d'entre eux seraient capables de s'en remettre à Gorth, à moins que la jalousie ne les dévore littéralement de l'intérieur.

Les fidèles de Gorth ne sont pas ceux de Tzeentch. L'Architecte du Destin et ses adeptes cherchent à manipuler, comploter et élaborent des stratagèmes sur des années, voire des décennies. Ceux du Décadent veulent au contraire lutter contre un destin qu'ils jugent injuste et obtenir rapidement ce qu'ils estiment être leur. Une personne désirée, un objet convoité ou les regards émerveillés de la foule sont autant de motif qui peuvent pousser ces hommes et ces femmes à rechercher le courage nécessaire pour atteindre leur objectif. 

S'ils se caractérisent en premier lieu par une incapacité à agir, les adorateurs de Gorth prennent rapidement goût à la simplicité et à l'immédiateté de la violence qui leur accorde ce qu'ils désirent. Ils deviennent vite arrogants et méprisants, toisant de plus en plus ouvertement les faibles et les miséreux dont ils sont pourtant souvent issus. Ils se place au dessus de la masse qui, elle, n'a pas su prendre son courage à deux mains pour s'extraire de la fange et atteindre de plus hauts sommets. Malheureusement pour eux, leur avidité et la facilité avec laquelle ils finissent par obtenir ce qu'ils veulent les entraînent toujours plus loin dans leurs exactions et ils souhaitent obtenir toujours plus, tout en jalousant toujours plus de gens. Il leur devient impossible de ce contenter de ce qu'ils ont et trouveront toujours quelque chose à désirer, fût-ce une femme, un animal de compagnie ou une place pour une pièce de théâtre particulièrement prisée. 

Par ailleurs, leur violence n'est pas toujours dirigée directement contre ce qu'ils convoitent. Pour surpasser en prestige son cousin dont le destrier fait sa fierté, un noble adepte de Gorth serait capable non pas de s'en prendre à lui pour lui voler sa monture, mais d'adopter une posture extrêmement agressive envers un éleveur de chevaux pour que celui-ci lui cède un animal d'un pedigree supérieur. En effet, au-delà de la possession immédiate, la convoitise d'un adepte de Gorth s'accompagne irrémédiablement du besoin de s'afficher avec et de s'en servir pour témoigner de sa supériorité sur autrui. Tuer celui qu'il jalouse n'est ainsi pas toujours le meilleur moyen pour un fidèle de Gorth d'obtenir la reconnaissance qu'il recherche, et il est capable d'utiliser des moyens détournés pour se faire, bien que sa brusquerie et son impatience bride nécessairement sa capacité à rester discret et subtil. La faiblesse initiale des adeptes du Décadent, celle qui les pousse à s'en remettre à lui, est toujours là et leur vantardise et leur besoin de se mettre en avant ne sert qu'à masquer un complexe d'infériorité qui ne s'effacera jamais et qui continue d'entretenir leur avidité.

Comment utiliser le culte

Les fidèles de Gorth sont des arrivistes et peuvent se retrouver dans des situations très diverses : un petit fonctionnaire jaloux ne parvenant pas à gravir les échelons, un soldat mécontent du commandement de son supérieur, ou encore un homme banal convoitant la superbe femme de son voisin. Ils peuvent être utilisés en tant que groupe, peut-être caché au sein d'une organisation et essayant de l'accaparer, obnubilés par l'idée de dominer les autres membres. Il peut également s'agit d'un individu isolé, voire de deux ou trois d'entre eux, ayant décidé qu'il était temps pour eux de s'emparer de ce qu'ils estiment leurs revenir de droit. Le culte de Gorth peut en conséquence être utilisé à différentes échelles, aussi bien dans le cadre de petites enquêtes durant lesquelles les joueurs seraient confrontés à des meurtres ou des enlèvements motivés par la jalousie que pour des conspirations de plus grande envergure.

Typiquement, une insurrection, une révolte contre un seigneur local pourrait provenir d'un culte de Gorth s'étant développé au sein d'une communauté pauvre et poussant les laissés pour compte à prendre les armes contre leur oppresseur présumé. Exciter la convoitise du peuple en évoquant des richesses cachées, de la nourriture à profusion ou simplement la vengeance pourrait bien mener à l'attaque d'une petite place forte qui cristalliserait les rancœurs, sont seigneurs étant désigné comme celui qui s'engraisse sur le dos des pauvres. Que la chose soit avérée ou non, un adepte charismatique aurait tout à fait la possibilité de créer une situation instable et de mettre le feu aux poudres, tout en ayant pour ambition d'asseoir lui-même son autorité par la suite. Au sein d'un Etat fort disposant d'une armée organisée et bien équipée, ceci aurait peu de chances d'être couronné de succès mais dans un contexte fragile, comme les Principautés Frontalières ou la Norsca, une révolte de ce type pourrait bien hisser ce fidèle de Gorth au sommet, quitte à ce que sa folie des grandeurs lui fasse tourner son regard contre des cibles trop puissantes pour lui comme l'Empire, le Kislev, voire une forteresse naine. Et même en cas d'échec, leurs actions peuvent entraîner des violences telles qu'une localité pourrait connaître des jours, voire des mois difficiles. Et qui sait, peut-être le chef de cette révolte aura fait des émules, qui auront pu constater à quel point la répression les aura spoliés et rabaissés.

mardi 10 août 2021

Hors sujet : Reconstitution historique / Off topic : Historical Re-enactment

TRIBOCI CIVITAS TRIBOCORUM et HERCULIANI IUNIORES 
(English translation is available below)

 Un petit billet différent pour évoquer très rapidement la reconstitution historique. J'ai eu le plaisir de participer ce dimanche, avec mon association, à une manifestation culturelle, les Estivales d'Epona, à Horbourg-Wihr, près de Colmar. S'y étaient réunies, cinq associations de reconstitution historique (dont vous trouverez la liste en suivant le lien précédent), sur le thème de la vie gallo-romaine. Il était possible d'y assister à quelques présentations de manœuvres et équipements militaires, mais également des objets de la vie de tous les jours. Des exemples de bijoux, de céramiques, d'ustensiles divers, reconstitués à partir de trouvailles archéologiques ou de représentations antiques, étaient visibles, avec des passionnés d'histoire pour en faire la description et répondre aux questions. De notre côté, nous avions même l'un ou l'autre jeu de société d'époque ! Des présentations d'ateliers de tisserands ou de métallurgie était également visibles mais, malheureusement, une affluence certaine m'a empêché d'aller observer tout ceci. Mais au fond, c'est une bonne chose, puisque ça signifie que je n'étais pas désœuvré !

Cartographie, TRIBOCI CIVITAS TRIBOCORUM

Pour ma part, j'ai pu parler de géographie antique, présenter le concept, la pratique et la façon dont elle était envisagée dans l'Antiquité européenne, essentiellement grecque et romaine. Et en profiter pour dissiper certaines idées préconçues, et autres notions fantaisistes telle que la Terre plate. En effet, une tendance durable s'est ancrée dans l'inconscient collectif ces dernières décennies, celle voulant que les hommes et femmes de l'Antiquité étaient plus bêtes que nous. Non, personne n'a jamais cru à la Terre plate, ni à l'époque antique, ni à l'époque médiévale. Une simple observation de la mer et des bateaux disparaissant à l'horizon suffit pour en reconnaître la rotondité mais, plus précisément, des observations et calculs scientifiques étaient effectués depuis des siècles pour en déterminer la circonférence. Peut-être avez-vous déjà entendu parler d’Ératosthène, astronome grec du III° siècle avant notre ère réputé comme ayant prouvé la rotondité de la Terre, mais cette dernière était déjà affirmée avant lui par Platon au V° siècle et Aristote au IV° siècle. Pour ce qui est de la circonférence terrestre, on pensera également à Posidonius, philosophe grec qui, déjà entre les II° et I° siècle avant notre ère, calculait chiffre 39.000 km, pas si éloigné que ça des 40.074 km réels. Plus tard, au I° siècle avant notre ère toujours, Strabon popularisa un calcul révisé des estimations de Posidonius qui donnait 28.000km seulement, chiffre repris par Marin de Tyr entre le I° et le II° siècle de notre ère, représentant ainsi une Terre trop petite avec des continents trop étirés...et ce que les gens ne savent souvent pas, c'est que Christophe Colomb s'est servi des chiffres avancés par Marin de Tyr pour justifier de son expédition maritime vers l'ouest ! Un voyage plus court, et donc plus assuré, que les chiffres données par Eratosthène ou Posidonius à l'origine ne permettaient pas alors qu'eux aussi étaient connus à la même époque.

Vous reconnaîtrez peut-être là certains traits déjà présents dans des articles comme la Corne d'Arabie ou la Mer Labyrinthique, et c'est normal, l'histoire et la recherche d'une certaine crédibilité historique font partie de mes centres d'intérêt. Et constater que des personnes tous les âges peuvent prêter un intérêt réel au sujet et faire preuve de curiosité en posant des questions pertinentes est très gratifiant.

Quelques photos de l'événement sont disponibles plus bas. Si vous voulez en savoir plus sur cette association de reconstitution historique, jetez un œil à sa page Facebook. En espérant que les années à venir soit plus clémentes...j'en profite également pour mettre l'adresse de la page à gauche, dans les amis !

jeudi 5 août 2021

La Mer Labyrinthique / The Maze Sea

(English translation is available below)

La Mer Labyrinthique, à l'instar de la Corne d'Arabie dont j'ai parlé précédemment, est un élément géographique obscur et qui n'a, à ma connaissance, été mentionné qu'une seule et unique fois. Et encore, plutôt que d'une mention, il faudrait parler d'une apparition furtive sur une carte, en l'occurrence celle qui accompagne la (vraie) saga d'Erik le Rouge dans le magazine Inferno! 4, intitulée La Véritable Histoire d'Erik l’Égaré et son Voyage Mondial, par Ralph Horsley. On peut dire que la source est aussi obscure qu'ancienne, et qu'au sein même de la diégèse, la saga en question et la carte qui l'accompagne sont tout sauf objectifs. Récit se voulant la "véritable" histoire du voyage et des péripéties de l'explorateur Norse Erik le Rouge, il est nécessairement conditionné à l'état d'esprit du personnage qui en fait la narration, et la qualité de la carte dépend directement de la précision des souvenirs de ce dernier, mais aussi de sa capacité à dessiner tout autant que son aptitude à prendre les mesures nécessaires en mer, pour autant qu'il l'ait fait lui-même ou ait représenté sa carte au jugé pur et simple. Vous jugerez vous-mêmes à partir du fragment de carte disponible ci-dessous.

Inferno! 4
On peut cependant retenir, d'après le carte et le tracé du périple qu'elle comporte, que l'expédition est partie de la cité norse d'Oseberg, s'est dirigée droit vers la Bretonnie, avant de repartir vers Albion puis de revenir vers le Moussillon avant de poursuivre sa route en suivant les côtes du Vieux Monde, y compris l'Estalie, la Tilée, les Principautés Frontalières et de faire tout le tour du Golfe Noir avant de longer les Terres Arides, Nehekhara et l'Arabie. Après avoir fait le tour de la péninsule arabienne, on constate que l'expédition s'engage dans un golfe compris entre ladite péninsule et les Terres du Sud, donc de toute évidence le Golfe de Medes. Là, les Norses semblent s'être égarés dans un enchevêtrement d'îles, que l'auteur indique comme étant la Mer Labyrinthique. Ces îles n'apparaissent sur aucune carte de l'Arabie ni du monde de Warhammer, hormis celle-ci. On notera cependant qu'on n'y voit en revanche pas les Îles Sorcières, à l'ouest de la péninsule, et l'on pourrait se demander si, du point de vue du narrateur, les îles du Golfe de Medes n'ont pas plus d'importance car elles sont marquées l'équipage en égarant l'expédition, au point qu'il donne un nom spécifique et évocateur à cette région maritime. Sur la perception des cartographes et la façon dont les cartes peuvent varier en fonction du degré de connaissance et des préconceptions, je vous encourage à lire l'article sur la Corne d'Arabie publié précédemment.
Inferno! 4

Homme-Lézards v5

De la même façon que pour la Corne d'Arabie, donc, mon objectif était de représenter un élément géographique intéressant, nommé, mais qui n'a jamais été réutilisé dans l'univers. En revanche, on constate que sur les cartes du monde, la forme de la partie septentrionale des Terres du Sud a changé au fil du temps. Evidemment, si l'on part du principe que les cartes sont réalisées de façon intradiégétique, toute déformation, ajout ou retrait d'îles relève de l'étendue de la vision et des connaissances du cartographe. Par rapport à la carte d'Inferno! 4, j'ai donc légèrement déplacé l'ensemble pour que les îles ne soient pas en plein milieu du golfe mais à sa périphérie, dans le prolongement des Terres du Sud, pour représenter grosso modo cette extension terrestre qui apparaît par exemple au nord-ouest des Terres du Sud dans le Livre d'Armée Homme-Lézards v5 (mais aussi dans la carte disponible dans WFB5), débordant largement sur un Golfe de Medes qu'on devine à peine sur cette carte, en l'absence des côtes arabiennes.

Homme-Lézards v5
Homme-Lézards v7
Je note également que Livre d'Armée Homme-Lézards v7 a introduit, dans sa chronologie, un événement intéressant pour l'Arabie : les cataclysmes provoqués. Il est spécifiquement précisé que les Slanns ont modifié la topographie du monde, on le savait déjà, mais une date est donnée, 271 CI, et l'Arabie et le Cathay sont listés comme directement touchés. S'agit-il de victimes collatérales, ou bien les Slanns visaient-ils quelqu'un ou quelque chose en particulier ? C'est avec ce doute en tête que j'ai choisi de placer Gomorh, une cité arabienne mentionnée dans
Pour la Gloire d'Ulric !
Pour la Gloire d'Ulric!
, un supplément exclusivement paru en français et publié par l'éditeur français officiel de l'époque, Descartes. Gomorh n'y est mentionnée que par le biais d'Abar, chef d'une troupe d'artistes en visite à Middenheim et qui est lui-même issu de la cité. Bien sûr, le nom Gomorh est probablement inspiré de Gomorrhe, ville présentée dans La Génèse comme détruite par Dieu à l'aide d'une pluie de feu. Établir une connexion entre Gomorh et les cataclysmes déclenchés par les Slanns en la plaçant dans une région aux terres tellement morcelées qu'on peut s'y égarer permet de faire une référence aux textes bibliques et d'insinuer que, peut-être, les habitants de Gomorh cachent quelque chose qui provoqua dans le passé le courroux des Slanns. Qui sait ce que des aventuriers pourraient y découvrir, s'ils cherchaient à comprendre pourquoi Gomorh est restée si longtemps à l'écart du reste de la population humaine, et pourquoi ils se montrent si évasifs sur leur histoire ? En tout cas, c'est pour envisager cette possibilité que Gomorh a été placée au cœur de cette région mystérieuse, qui n'est apparue que sur une seule carte du monde de Warhammer.